Nouvelles tendances du tourisme : expérimental, personnalisé et durable

Publié le : 11 août 20219 mins de lecture

Quel genre de touristes sera-t-on en 2030 ? Sera-t-on capables de concilier notre besoin de bouger avec la nécessité de protéger l’environnement ? Sera-t-on en mesure de maintenir vivables les lieux qu’on visite ? Les principaux experts du secteur disent combien il est (et sera) important d’éduquer à une culture responsable. Le tourisme du futur sera expérientiel, personnalisé et durable. Les gens du voyage et les communautés locales seront de plus en plus les protagonistes.

Lors de la Semaine verte de Trente, semaine de conférences et d’événements sur le thème de la durabilité, il a également été question de voyage et de tourisme responsables. Plusieurs des événements qui ont eu lieu du 26 février au 3 mars ont abordé le thème du tourisme responsable. Avec Ecobnb on a participé à l’un d’entre eux. Parmi les invités : Domenico De Masi, sociologue, Mara Manente, directrice du Ciset à l’université Ca’ Foscari de Venise, et Diego Gallo, directeur d’Etifor.

Tendances du tourisme : comment sera le tourisme en 2030 ?

À quoi ressemble le tourisme dans la société post-industrielle ? Comment est-on passés des vacances d’été du siècle dernier au tourisme à la sauvette des vols à bas prix ? Quel genre de touristes sera-t-on en 2030 ? Le débat est parti du livre Âge de l’errance du professeur De Masi, pour esquisser une analyse intéressante du scénario touristique des prochaines années.

Quelle est l’origine du phénomène du tourisme ? Du temps libre dont on dispose, qui a augmenté avec l’allongement de l’âge moyen. On ne sait même pas pourquoi on occupe notre temps libre à voyager. Tout ce qu’on sait, c’est que, chaque année, un milliard de personnes partent et s’en vont. Ils y vont et dépensent. Ils partent, parfois sans savoir où. Cela va, même au prix de l’abandon de certains conforts pour ces jours-là. Qui sont les touristes, en fait ? Le professeur De Masi répond à la question en identifiant trois macro-catégories.

Trois types qui seront de plus en plus déterminants pour le développement du tourisme à l’avenir :

1. Tourisme de masse

Malheureusement, elle existe toujours. Le tourisme de masse est en constante augmentation et constitue le modèle touristique le plus répandu. Le voyage est vécu avec une attitude presque détachée, facile à leurrer et à exploiter. Vous dépensez relativement peu mais le rendement est énorme car on parle d’un trafic d’environ 800 millions de personnes. Certaines destinations italiennes sont très bien organisées pour gérer ces flux. La Riviera Romagnola en est un exemple. Tandis que d’autres n’y parviennent pas et subissent inévitablement l’utilisation et la consommation inappropriées du territoire, le laissant dénaturé. Pour ne donner qu’un exemple : le surtourisme des Cinques Terre.

2. Tourisme familial

Le tourisme familial repose sur une offre adaptée aux enfants, qui veille également à garantir la tranquillité d’esprit des parents. Les villages touristiques, par exemple, profitent de ce type de demande en constante augmentation.

3. Tourisme de luxe

Le tourisme de luxe n’est pas seulement celui des millionnaires et des VIP, qui se concentre souvent dans certaines zones (en Italie, par exemple, la Costa Smeralda), avec des propositions de vacances conçues spécifiquement pour les personnes très riches (intimité extrême et protection contre les journalistes comprises). Il existe également un autre type de tourisme de luxe, qui est plus intéressant et dans lequel on devrait investir. Il s’agit d’un « luxe » plus modéré et étroitement lié à la culture. Ce type de touriste est aisé et cultivé, amateur de voyages et de connaissances. Que recherche ce type de touriste ? Le silence, une denrée rare et précieuse. Mais aussi l’intimité, les relations authentiques et non la sophistication, un accueil chaleureux mais non insistant.

Les touristes sont à la recherche d’une expérience : le matin la mer ou la montagne, l’après-midi peut-être une exposition, le soir un concert ou un dîner dans un lieu particulier ou typique. Mais sans envahir ou être envahi. Il ne veut pas tant se reposer que profiter des choses. C’est le touriste lui-même qui investit dans ses vacances, économisant même toute l’année pour pouvoir s’offrir cette « expérience » de voyage. La création d’une expérience pour ce type de touriste nécessite l’implication de toute la communauté : du chauffeur de taxi au pharmacien, du marchand de journaux à l’établissement d’hébergement.

Le professeur De Masi a conclu son discours en présentant le principal résultat de ses recherches. Le tourisme du futur sera de plus en plus personnalisé, « sur mesure », plus éthique et durable.

L’influenceur touristique de la durabilité

Alors, comment développer les destinations de manière durable ? Une réponse a été formulée par le Dr Manente, membre d’un groupe de travail européen créé dans ce but précis.

Le « touriste cultivé » dont on parle est curieux, conscient et veut se sentir impliqué dans ses vacances, faire partie de la vie et de la culture du lieu, même si ce n’est que pour quelques jours. Alors pourquoi ne pas considérer le touriste comme un influenceur ? Le transfert du point de vue, non plus l’offre qui propose à la demande, mais la demande elle-même qui se raconte, se traduit par un transfert du style de vie (« On veut être comme ça »).

Aujourd’hui, la durabilité est souvent une condition essentielle pour choisir une destination, car les consommateurs veulent de l’efficacité, de la qualité et de la valeur ajoutée. Les établissements et organisations d’hébergement doivent donc se concentrer sur la différenciation, tout en pratiquant des prix légèrement plus élevés. Il existe toutefois un problème : les touristes influents ne sont pas soutenus dans leur choix de destinations durables car, du côté de l’offre, le respect de certaines contraintes est parfois perçu comme une contrainte bureaucratique, coûteuse et lourde, en particulier pour les petits acteurs.

Dans le même temps, cependant, la valeur des systèmes de certification est mal perçue du côté de la demande, de sorte que l’incitation à investir est encore plus faible. Si le consommateur ne reconnaît pas la valeur, comment peut-il la partager ? En fin de compte, il est le véritable certificateur, par son choix. Les certifications sont utiles parce qu’elles contribuent à un processus qui se poursuit au-delà de la « médaille » finale. Ils constituent un engagement de responsabilité et, par conséquent, l’interaction à ce niveau entre la demande, l’offre et l’organisation internationale doit être renforcée.

La communauté locale au cœur de l’expérience touristique

Enfin, le Dr Gallo et Denis Pasquini (président de l’APT) présentent l’étude de cas de Valsugana Lagorai, dans le Trentin. La région est sur le point d’obtenir le label du Conseil mondial du tourisme durable (CMDT), créé par les Nations unies, et sera la première destination touristique dotée de cette certification en Europe. Il s’agit d’un projet qui n’a rien à voir avec le tourisme pour le tourisme, et dont l’objectif est de repenser l’offre touristique dans une optique d’éco-durabilité. Au-delà de la durabilité au sens strict du terme, une culture sociale orientée dans ce sens est nécessaire. Cela signifie « rajeunir » les organisations et mettre la communauté locale au centre. Le tourisme ne peut être responsable que si la communauté locale en profite autant que le visiteur.

L’impliquer, c’est obtenir ce dont on parlait précédemment : un produit touristique innovant car il est personnalisé, ce que le consommateur recherche et peut partager pour « influencer ».

La lecture du phénomène du tourisme faite pendant l’événement a donné une idée claire de son ampleur et de sa complexité. La prise de conscience des ressources du territoire, l’implication de tous les agents à différents niveaux, la valorisation de l’importance des processus de certification, sont les clés pour faire du tourisme dans la société postindustrielle (titre de l’événement lui-même) un système capable de concilier les exigences et les besoins du voyageur et la protection de l’environnement visité.

Et vous, êtes-vous d’accord avec cette vision et les mesures conçues pour un tourisme responsable ? Et si vous voulez faire l’expérience de l’excellence éco-durable du Lagorai, allez voir les Ecobnbs de la région !

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