Toulouse forme des interprètes en langue des signes

Depuis 2002, l’Université Toulouse II - Le Mirail - forme des interprètes à la langue des signes. Cette formation offre de nombreux débouchés et pourrait accueillir deux fois plus d’étudiants. Elle se présente comme une des options possibles au sein du cursus proposé par l’IUP interprétation.

 L’IUT POURRAIT ACCUEILLIR ET FORMER PLUS D’INTERPRÈTES

« Le plus difficile, c’est de trouver des étudiants qui soient à la fois au niveau en langue des signes et en français », explique Solange Hibbs, directrice de l’IUP interprétation.

En effet, le profil des étudiants, candidats à la formation, répond souvent à une des deux situations suivantes : - ayant des sourds dans son environnement, l’étudiant est très fort en langue des signes. Mais en français, il n’a pas un niveau suffisant pour assurer des fonctions d’interprète ; le métier demande en effet, une très grande maîtrise écrite et orale des différentes langues pratiquées. - l’autre type de candidat répond souvent au profil d’un étudiant classique qui a pris des cours en langue des signes. Celui-ci arrive souvent avec un niveau en langue des signes très insuffisant et souvent, le candidat ne connait pas non plus la dimension culturelle des sourds.

Deux diplômés par an…

Du coup, Solange Hibbs est confrontée chaque année à des problèmes de recrutement d’étudiants. L’IUP diplôme tout de même deux interprètes en langue des signes chaque année. « Nous aimerions pouvoir recruter plus d’étudiants et en diplômer ainsi cinq ou six par an », précise Solange Hibbs.

… qui trouvent du travail immédiatement.

En attendant, les deux diplômés de l’année trouvent du travail dès leur sortie de l’IUP ; leur place est parfois assurée avant même leur sortie de l’Université. Il faut dire que les débouchés sont importants et très variés pour les interprètes en langue des signes : conférences, télévision, théâtre, films, musées…

 LA MIXITÉ COMME FIL CONDUCTEUR

Cette formation pour interprète en langue des signes, Solange Hibbs l’a toujours imaginée avec une dimension sociale : elle devait être accessible au plus grand nombre, sans prendre en compte les moyens personnels des élèves. Il était donc important que cette formation s’inscrive dans le cadre d’une formation universitaire.

Cela dit, la formation toulousaine se distingue surtout par son cursus : dans la plupart des formations similaires, l’interprétariat en langue des signes se présente comme une spécialisation de dernière année. À Toulouse, l’IUP a souhaité incorporer la langue des signes dans les trois années d’enseignement.

Ainsi, les élèves en langue des signes suivent tous les cours généraux (comme ceux sur la techniques d’interprétation) avec les élèves qui ont choisi une option Français/Anglais, etc.

Enfin, l’IUP interprétation accueille aussi des étudiants sourds, qui suivent la majorité des cours avec l’ensemble des autres élèves.

 UNE FORMATION QUI A DÛ LUTTER POUR EXISTER

Si aujourd’hui le cursus langue des signes est officiellement reconnu par l’Université, cela n’a pas toujours été vrai.

En 2002, quand l’option langue des signes fut mise en place au sein du cursus général d’interprétation, le Ministère de l’Éducation Nationale n’a pas voulu en entendre parler.

Solange Hibbs et son équipe ont donc dû trouver de quoi financer cette formation avec des fonds propres. Les élèves étaient, par exemple, amenés à travailler sur des projets qui pouvaient ensuite faire l’objet d’une transaction financière ; l’argent ainsi récupéré était ensuite utilisé pour financer la formation.

Ce n’est qu’en 2006 que la formation « langue des signes » a été reconnue par le Ministère de l’Éducation Nationale et financée officiellement par l’Université.

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